« Ai-je déjà été la cible d'un call-out sans que j'en connaisse l'objet ? »

« Lors d’une soirée je me suis rapproché·e d’un·e ami·e et nous avons flirté ensemble. Nous avons passé la nuit ensemble et c’était un moment très fort. Le lendemain iel est parti et a rompu tout contact avec moi. C’était quelqu’un d’assez proche, que je voyais souvent donc c'était vraiment bizarre. Après deux semaines sans aucune nouvelle iel m’a finalement rappelé·e pour me dire qu’il était ok pour qu’on se revoit mais qu’il fallait que ça reste entre nous.

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Le lendemain de notre nuit ensemble iel avait appris qu’il y avait un call-out qui se préparait contre moi et iel ne voulait plus être associé·e à moi publiquement. Iel était incapable de me dire le contenu du call-out, de quoi j’étais accusé·e.

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A force de questionner autour de moi j’ai appris qu’il était question d’un comportement transphobe que j’aurais eu. Mais on ne m’a pas dit quoi. Juste “comportement transphobe”. Pas de date, de lieu, de personne, de faits. Je devenais fou·folle à chercher dans ma mémoire de quoi il s’agissait.

Je questionnais autour de moi, personne ne savait, ou personne ne me disait sous prétexte de protéger la victime. A ce jour je ne sais toujours, plus d’un an après, pas ce que j’ai fait et à qui. Ca m’empêche de progresser et de me remettre en question si je ne sais pas du tout de quoi il s’agit.

Avant que vous vous disiez que je suis juste complétement à l’ouest politiquement, ça fait des années que je milite dans le milieu trans pédé gouines féministe intersectionnel. Ça ne me met pas du tout à l’abri d’avoir des comportements transphobes mais je ne suis pas non plus quelqu’un·e qui débarque. Je voudrais juste qu’on me dise, juste comprendre afin de ne pas le reproduire.

Au final, comme je n’ai aucune idée de quoi je suis accusé·e et contre qui, et ce depuis plus d’un an, tout ce que cette histoire m’a appris, c’est comment les gens peuvent se détourner de toi brutalement. Je garde une blessure vivante en moi de quand ce proche, avec qui j’avais passé un moment d’intimité, une nuit, un moment de vulnérabilité, a pu se fermer d’un coup à moi.

Quand iel a fini par accepter de me reparler sous le sceau du secret, iel était plus obsédé·e de savoir si des gens nous avaient vu·e·s partir ensemble lors de cette soirée qu’autre chose. Je me retrouvais à devoir lea rassurer que non, personne ne savait. Et je me retrouvais à me sentir coupable de l’avoir mis·e lui dans cette situation ! Comme si j’avais une sorte de maladie contagieuse dont j’étais responsable.

A l’époque du collège j’ai été beaucoup bullyé·e et c’est horrible à dire mais cette dynamique m’a renvoyé·e à ces souvenirs-là. C’était évident que ce qui importait plus à ce moment-là, c’était sa réputation que le call-out en lui-même.  »