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Harcèlement (moral, physique)

Très souvent et à part si je suis le personnage de You, je ne me dis pas que je suis en train de harceler quelqu’un·e.

Mar 11, 2022
Harcèlement (moral, physique)

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L’effet de groupe, la légitimité que je peux ressentir quand je « fais justice », quand je pense protéger quelqu’un·e ou quand je pense que c’est la « bonne » chose à faire ; tout cela rend impossible le fait de mettre le mot « harcèlement » sur ce que je fais. Le harcèlement est un mécanisme complexe et pernicieux. Souvent, on se rend compte qu’on a participé à du harcèlement des années après les faits. Harceler une personne n’est peut être pas mon intention directe quand je publie ou commente un post ; mais les réseaux sociaux peuvent entraîner cet effet très rapidement. Je ne peux pas fermer les yeux sur cette réalité et je dois la prendre en compte. 

Le harcèlement implique un élément d’intention et un élément de répétition. Le harcèlement désigne un ensemble d’actes, de comportements, d’écrits ou de propos qui, par leur répétition et leur caractère dégradant, contribuent à nuire psychologiquement ou physiquement à la personne qui en est victime. Le harcèlement peut être le fait d’une personne ou d’un ensemble de personnes. 

L’effet de groupe est souvent déterminant dans une situation de harcèlement car il masque la responsabilité individuelle des membres de ce groupe. Il intensifie aussi l’impression d’acharnement et d’isolement chez la personne harcelée.

Le cyberharcèlement ou harcèlement en ligne, est souvent entraîné et intensifié par l’effet de groupe ou effet « boule de neige » ainsi que le sentiment d’anonymat que procure les écrans. 

  • Par exemple, le dog piling :

C'est commenter par des insultes ou attaques personnelles une publication ou un contenu perçu·e comme problématique alors que d’autres l’ont déjà fait précédemment ; c'est aussi envoyer des messages privés à une personne - ou à ses ami·e·s, sa famille, employeur·euse·s, cercles militants, pour lui·leur signifier ce qu'on pense de ses actes ou paroles. Si je me permets d'envoyer un message à une personne pour lui dire ce que je pense d'elle, 100 autres ont déjà dû le faire avant. Dog pile : pile de chiens.

Participer à un dogpile sur les réseaux sociaux, c’est prendre part à du cyberharcèlement et menacer la santé psychique et éventuellement physique de l’auteur·ice du contenu.

Faire ou partager un post, un tweet, une photo n’est jamais anodin. Cela a toujours des conséquences directes sur la santé mentale voire physique d’une personne, surtout quand celle-ci est déjà marginalisée (queer, racisée, handi etc.). Chaque individu·e a une responsabilité par rapport à ce qu’iel relègue sur les réseaux. Se sentir choqué·e, blessé·e, apeuré·e ou en colère n’est jamais une raison valable pour blesser, choquer, apeurer une autre personne, surtout quand les conséquences de nos actes (publier, repartager un post) peuvent nous échapper rapidement (effet « boule de neige » des réseaux sociaux). 

Le harcèlement entraîne l’auto-exclusion, l’isolement, l’affaiblissement d’une personne et est un événement traumatique. Qu’elles soient volontaires ou non, les conséquences du harcèlement peuvent être très graves et entraîner jusqu’à la mort.

Même si tu penses que la personne que tu harcèles est l'agresseuse et qu'elle mérite ce qui est en train de se passer ; tes actes te rendent toi-même auteur·ice de violences. Et la cible de tes actes, la victime. Tu vois le cercle vicieux ?

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