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Qu'est-ce qu'une oppression systémique ?

C’est une oppression qui fait système : personne n'y échappe, personne n'est en dehors de ce système.

Mar 11, 2022
Qu'est-ce qu'une oppression systémique ?

Définitions

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Elle qui repose sur quatre piliers :

Institutionnel - Structurel - Historique - Individuel

Et toutes les violences vécues ou ressenties ne sont pas nécessairement liées à une oppression systémique.

  • Institutionnel

Au niveau des institutions d’une société (Etat, sécurité sociale, l’académie française, les tribunaux etc.)

  • Structurel

Qui se retrouve dans toutes les strates de la société (logement, travail, école, loisirs, urbanisme etc.)  

  • Historique

Qui trouve ses racines dans le passé, repose sur un système élaboré dans le temps et par des évènements précis et datables (colonisation, guerres, génocides, lois etc.)

  • Individuel

Qui se retrouve au niveau interpersonnel, entre deux personnes ou plus ou qui a été intériorisé (violences physiques, verbales, tout ce qui se fonde sur l’apparence ou le passing, l’automutilation etc.)

Parfois, un mécanisme peut reposer sur plusieurs piliers. Ex: le contrôle au faciès repose notamment sur un pilier individuel et institutionnel car c’est une interaction entre deux personnes, qui est encouragée par l’institution.

Les systèmes oppressifs s’appellent et reposent souvent les uns sur les autres. Ex : la transmisogynie ou transmascophobie =  cis-sexisme.

C’est l’imbrication de ces quatre piliers qui fonde l’aspect systémique d’une oppression.

Exemple :

  • Institutionnel : la dimension institutionnelle du racisme

Le racisme d’Etat incite et couvre les violences policières à l’encontre des personnes racisées, le système judiciaire qui ne protège pas des crimes racistes / qui condamnent plus durement et fortement les personnes racisées ;

  • Structurel : la dimension structurelle du validisme

Discrimination scolaire, à l’embauche, dans l’accès au logement, ségrégation territoriale dû aux transports, au mobilier urbain non adaptés ;

  • Historique : la dimension historique du sexisme

Continuum de l’élaboration du système sexiste en France : la décriminialisation du viol au XIVème siècle, la criminalisation de la prostitution au XVème siècle, la chasse aux « sorcières » en France puis son exportation dans les colonies au XV et XVIème siècle 

  • Individuelle :  la dimension individuelle du classisme; remarque à caractère classiste : « apprends à écrire, tu fais trop de fautes »

Généralement, les ***phobies sont les conséquences des processus ***istes. Exemple : la lesbophobie est une des conséquences du sexisme, la psychophobie est une des conséquences du validisme.

A l’inverse, une violence vécue peut ne pas être liée à une oppression systémique. Ce n’est pas pour ça qu’elle est ressentie moins violemment. 

Dire « je suis oppressé·e » ou « je vis du·de la ***phobie/***isme » quand les violences auxquelles on fait référence n’ont pas de caractère systémique, c’est placer sur un même plan des mécanismes de diverses ampleurs. Cela revient à lisser et égaliser des processus qui ne se ressemblent pas, ni en termes de temporalité, de gravité ou de profondeur.

Distinguer, définir et utiliser les mots à leur juste valeur est un enjeu politique immense.

Références :
- Queer et Trans Révolutionnaires, Contre les violences policières - justice pour nos frères, justice pour nos communautés, justice pour nous-mêmes, 2017, disponible sur https://qtresistance.wordpress.com/
- CLHEE, Le manifeste du CLHEE, 2016, disponible sur https://clhee.org
- Sylvia Federici, Caliban et la Sorcière, 2014,  ed. Entremonde Senonevero
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