« J’ai entamé une transition de genre il y a quatre ans. Je rejoins alors des associations queers et je fréquente des personnes qui militent. Je travaille toujours dans ces associations.
Je ne me positionne jamais publiquement contre « l’agresseur·euse » , car j’en connais les dérives. O.k. pour écouter la “victime” mais je ne suis ni flic, ni juge, ni médiateur·rice. J’ai plutôt tendance à me méfier de celleux qui répandent les rumeurs.
C’est sans doute pour ça que je n’ai rien dit quand je me suis faite emmerdée une fois, deux fois, quinze fois dans les espaces queers à cause de mon identité de genre.
Dans mes relations amicales ou amoureuses. Dans mon travail associatif. Dans la plupart de mes rendez-vous médicaux avec des praticien·ne·s “safe”.
Je suis une femme trans et je vis des événements désagréables, parfois de la violence, depuis 4 ans dans notre communauté.
J’ai appris à prendre de la distance et à continuer d’avancer. Les histoires de call-out me semblent souvent… dérisoires vis-à-vis de ce que j’ai vécu.FF
Je n’ai jamais eu - en partie parce que je suis une femme trans - le privilège de dénoncer avec succès quelqu’un·e. Je n’ai vraiment pas la tête de la victime ni le nombre d’abonné·e·s sur Instagram. Je n’ai pas le temps avec le boulot.
Puis au fond de moi, parce que sans notre communauté, je ne serais pas aller bien loin : je veux être appréciée de tous·tes pour rester dans ce groupe. »