acceuil
/
ressources
/
Boîte à outils

Exclusion : quelles sont les questions à se poser avant d’exclure quelqu’un·e ?

Dans nos communautés queer, féministes ou miliantes, la rareté des espaces accessibles pour les personnes minorisées doit nécessairement entrainer une réflexion de fond sur l’exclusion.

Mar 11, 2022
Exclusion : quelles sont les questions à se poser avant d’exclure quelqu’un·e ?

Boîte à outils

Fracas propose également des outils, méthodes et techniques.
Fracas met à disposition des outils, méthodes, techniques pour aider à appréhender des situations de conflits.
Ouvrir la boîte à outils‍

Dans nos communautés queer, féministes ou miliantes, la rareté des espaces accessibles pour les personnes minorisées doit nécessairement entrainer une réflexion de fond sur l’exclusion. C’est pourtant l’une des principales solutions mises en place par des collectifs, suite à un conflit ou une agression. 

Chaque collectif a une responsabilité vis-à-vis de tous·tes ses membres et faire le choix de l’exclusion est toujours une décision lourde et compliquée à prendre. Les questions à se poser avant d’exclure une personne d’un collectif sont nombreuses. En discuter collectivement permet d’éviter des décisions prises à la hâte et des situations abusives et non satisfaisantes sur le long terme. 

Voici quelques pistes.

Pourquoi ?

  • Quels sont les faits et qui nous les a rapportés ? A-t-on pris le temps de collecter la vision des faits de tous·tes les protagonistes, même celle de la personne qu’on souhaite sanctionner ?
  • Est-ce que la limite entre des comportements collectivement acceptables et non acceptables a été explicitée ? Est-ce qu’un temps collectif a porté sur la définition de cette limite ? Est-ce que ces limites ont été décidées par une majorité ou à l’unanimité, est-ce que tout le monde a pu assisté à ce temps et s’y exprimer ? Est-ce que le collectif a pris le temps d’expliquer ces limites à la personne en question ? 
  • Quel est le but de cette exclusion ?
  • A-t-on essayé toutes les autres options avant d’exclure cette personne ? Sait-elle ce qui lui est reproché ? Est-ce qu’il lui a été donné des chances de changer son comportement ? 
  • Est-ce qu’elle a récidivé après qu’on lui ait expliqué l’aspect problématique de son comportement ?
  • Est-ce qu’on a pu lui expliquer l’échelle de valeur politique ou morale selon laquelle son comportement a été jugé ? 

Ex : tout le monde n’a pas les mêmes échelles de jugement du « bien » et du « mal », ce jugement est culturellement, géographiquement, politiquement situé. Tout le monde n’a pas la même capacité d’empathie et de compréhension des émotions d’autrui.

Qui ?

  • Qui a le pouvoir de dire qu’une personne doit être sanctionnée par le collectif ?
  • Est-ce que cette décision a été discutée et prise à la majorité, à l’unanimité ou par un petit groupe de personnes ?
  • Est-ce qu’il y a eu un temps préalable de discussion avec la personne à sanctionner ? Est-ce que cette personne a eu l'occasion d'exprimer son ressenti et point de vue sur la situation ?
  • Qui aurait l’autorité ou la légitimité pour avoir une telle discussion avec cette personne ? Est-ce un·e ami·e, un·e référent·e associatif, une personne hiérarchiquement plus élevée dans une entreprise ? 

Quand ?

  • Avant, pendant ou après un comportement problématique ?

Par exemple, décider de l’exclure avant : « j’ai peur que telle personne ne se comporte pas bien en réunion et je décide de ne pas la prévenir de cette réunion ».

Pendant : « nous sommes en réunion et telle personne insulte une autre, je lui demande de sortir de la réunion » 

Après : « telle personne a été insistante à plusieurs reprises avec moi au cours de cette soirée, je lui ai signifié et elle a continué, je lui signale le lendemain que je ne l'inviterai plus »

Où ?

  • De quels espaces cette personne va-t-elle être exclue ?

Ex : espaces militants formels (réunions, AG, manifestations) ; espace militants informels (moments de discussion post réunions ou manifestations, bars, cafés) ; espaces de sociabilité (soirées entre militant.es, entre ami·es du collectif, déjeuners). 

  • Dans quels espaces cette personne peut-elle se rendre ?
  • Quels sont les espaces ressources (sociaux, financiers, culturels) auxquels elle gardera l’accès libre ?
  • Est-ce que cette personne a un espace suffisant pour vivre, se sentir en sécurité et bien ?
  • Cette personne est-elle au courant des espaces où elle ne doit plus se rendre et où elle peut se rendre librement ?

Comment ?

  • Comment l’exclusion va-t-elle prendre fin ? Quand est-ce qu’elle va prendre fin et selon quelles conditions ?
  • Ces conditions sont-elles vraisemblables ? 

Ex : « l’exclusion prendra fin quand la personne aura changé » : comment évalue-t-on ce changement ? Quels sont les critères d’évaluation ? Qui peut évaluer ce changement ?


Que ce soit d’un lieu ou d’un collectif, exclure une personne queer et/ou minorisée d’un espace commun doit toujours être la dernière solution envisagée. 


ARTICLES ASSOCIÉS
Prendre en charge une agression sexuelle au sein d’un collectif
Prendre en charge une agression sexuelle au sein d’un collectif
Cancel culture
Définition : Cancel culture
Binarité Agresseur / Victime
Binarité Agresseur / Victime