« J’ai été call-outé·e après avoir réussi à sortir d’une relation abusive »

« Pour moi tout a commencé par une relation abusive avec une personne contrôlante et très manipulatrice (violences psychologiques et sexuelles). La relation n’a duré que quelques mois mais a été une des plus mindfuckante que j’ai jamais vécu, cette personne avait une capacité hors normes de manipulation, de transformation des faits. Je me suis tout de même rapidement rendu·e compte qu’il fallait que je parte et même si je lui trouvais toute sortes d’excuses, j’ai tout de même réussi à rompre après quelques mois. Sans colère, à l’inverse, avec beaucoup de peine, mais dans un réflexe d'auto préservation. Cette personne, qui tentait par tous les moyens d’opérer le maximum de contrôle sur moi pendant la relation, a, bien-sûr, très mal vécu la rupture. Elle avait, par ailleurs, une petite notoriété militante dans notre milieu. 

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À la rupture, elle a commencé à répandre des rumeurs fausses sur moi.

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Elle a menti, carrément inventé de toute pièce des comportements que j’aurais eu. Moi-même en tant que féministe, je ne pensais pas que c’était quelque chose que quelqu’un de notre milieu queer féministe pourrait faire. Moi-même je crois fondamentalement dans le fait qu’il faut toujours croire les victimes. Et surtout le fait, bien-sûr, que personne ne m’a cru·e. 

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Ces rumeurs se sont transformées en call-out.

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Beaucoup de gens se sont détournés de moi. Certain·e·s par conviction politique, d’autres par peur de perdre à leur tour leurs ami·e·s. D’autres encore me sommaient d’admettre ce que j’avais fait, que c’est en reconnaissant les faits que je pourrais éviter une exclusion du milieu. Mais je suis innocent·e. Complètement. C’était extrêmement torturant, j’étais très tenté·e d’avouer des choses que je n’avais pas commises car cela semblait la seule issue. Quand je disais que ce dont j’étais accusé·e était faux, on m’accusait d’être antiféministe et de remettre en question la parole de la victime. Quand je disais que c’était mon ex qui était la personne violente et abusive tout le long de notre relation (même en donnant des exemples précis) on m’accusait moi d’inventer pour me défendre. 

Comme si j’avais dû faire un call-out avant le sien pour que ce soit moi qu’on croit. C’est une incompréhension totale des mécanismes d’emprise. C’est croire qu’il ne peut pas y avoir de manipulation de nos discours, de mensonge, c’est croire que l’erreur “ judiciaire” entre nous ne peut pas arriver. Au final, cela fait 5 ans que j’ai perdu une énorme partie de mon cercle amical, que je continue d’être exclu·e d’endroit et de collectifs, que les conséquences se sont étendues aux personnes qui tentaient de témoigner pour moi ou de me défendre, 5 ans que continue de circuler ces rumeurs sur moi. 5 ans. Je vais mieux, mais le suicide était très proche à bien des moments. Quand la situation semble inextricable, que personne ne te croit, que tu perds le milieu qui te semble être vital et qu’au milieu de tout ça tu dois essayer de te reconstruire de la relation la plus abusive que tu n’ai jamais eu. Pendant que les gens te crachent à la gueule et se faisant perpetuent les violences de mon ex contre moi. C’est cela le pire et le plus ironique. Ce call-out et la manière dont la communauté s’en est saisie a permis à mon ex de continuer à me faire du mal, à impacter ma vie, mais par procuration. Cinq ans. »