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« La culture de l’indispensable face à la culture du dispensable »

Extrait tiré de Kai Cheng, « 8 Steps Toward Building Indispensability (Instead of Disposability) Culture », 2016

Feb 15, 2023
« La culture de l’indispensable face à la culture du dispensable »

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« Je crois que, parfois, nous le faisions hypocritement – que nous avons créé ce que l’on appelle la call-out culture (une culture de confrontation toxique et d’humiliation des gens pour leurs comportements oppressifs, qui tient plus de la mise en scène de la vertu que d’une réelle recherche de justice) en partie parce que nous pouvions ainsi nous focaliser sur les errements des autres et éviter d’examiner notre propre complicité dans l’oppression et notre propre propension à l’abus, celle qui existe en nous comme en tout un chacun.

Et je crois que nous l’avons fait en partie parce que parfois il est impossible d’imaginer quoi que ce soit d’autre : nous vivons dans une culture du jetable – une société basée sur la consommation, sur la peur, sur la destruction – où nous apprenons que la seule manière de réagir quand quelqu’un nous a blessé est de se venger ou de se débarrasser de cette personne.

(...)

Je me suis souvent demandé à quel point les choses seraient différentes s’il était plus dans nos normes culturelles de comprendre la responsabilité comme une pratique qui émerge de l’intérieur de l’individu, plutôt qu’un résultat qui doit être obtenu de l’extérieur et par la force.

Et si l’on s’apprenait, les unes les autres, à honorer la responsabilité qui émerge quand nous prenons la mesure des conséquences de nos actions, plutôt que de voir la responsabilisation individuelle comme l’admission honteuse de notre culpabilité ? Et si nous pouvions avoir, les unes les autres, des discussions véritables et de bonne foi, sur le mal que nous causons ?

Dans une culture de l’indispensable, je ne peux pas ignorer quelqu’un qui me dit que je lui ai fait du mal – parce que cette personne est précieuse pour moi, je dois essayer de comprendre et réagir en conséquence. Pour devenir indispensables les unes pour les autres, nous devons aussi être prêtes à être responsables les unes envers les autres.

(...)

L’une des réponses les plus courantes, lorsque l’on critique la call-out culture et la culture du jetable, est l’idée que les autrices de violence et les prédateurs se servent de ces critiques pour dissimuler leurs propres méfaits et échapper aux conséquences.

De plus, en tant que communautés, nous utilisons la « complexité » et la « sensibilité » de ces critiques comme excuses pour ne pas intervenir quand du mal est commis.


Mais la culture de l’indispensable dit que tout le monde est précieux – et celles et ceux qui ont été blessées encore plus – et que tout le monde a droit à la justice.

En d’autres termes, nous ne pouvons pas autoriser que le fait qu’une situation soit compliquée ou effrayante nous empêche d’essayer de mettre un terme à l’injustice. »

Extrait tiré de Kai Cheng, 8 Steps Toward Building Indispensability (Instead of Disposability) Culture, 2016, à retrouver sur https://everydayfeminism.com


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