« On peut définir les violences conjugales comme un processus dans lequel, au sein d’une relation sexo-affective, un·e partenaire exerce une domination qui s’exprime par des comportements et attitudes de contrôle, de manipulation, de coercition, de punition, de dévalorisation exercées de manière répétitive et (contrairement aux relations conflictuelles) unilatérale d’une personne sur l’autre. (...)
Un des éléments spécifique aux violences GT (gouinestrans) c’est l’accusation mutuelle.
Dans le cadre d’une relation de violences (...), et donc, d’unilatéralité dans l’exercice du contrôle, du pouvoir etc., il arrive que les deux personnes s’accusent publiquement des violences. Il ne s’agit pas de juger ce que l’une ou l’autre dit ni de mesurer le degré de violences. Cependant il est nécessaire de discerner qui a agressé qui. Ca n’est pas évident à priori, car l’inégalité dans cette relation ne s’appuie pas sur un cadre donné où l’hétéronormativité place les deux personnes dans des positions différentes et inégalitaires.
Pour ce discernement, il est important d’écouter les deux versions, puisqu’il n’y en a pas une qui est plus légitime d’entrée de jeu. On ne peut donc pas se baser sur le principe féministe du pouvoir de définition du vécu des violences.
Cette question du discernement est délicate, complexe et difficile à gérer. En plus, les erreurs dans le discernement et dans les actions qui s’ensuivent, peuvent avoir de lourdes conséquences. Vu le manque d’outils et d’analyses sur ces situations, il arrive que, même de façon bien intentionnée, il y ait des positionnements collectifs rapides pris dans l’urgence où on n’a ni le temps ni les éléments pour mieux comprendre la situation. Ces positionnements peuvent être biaisés par les imaginaires sur les groupes minorisés vus plus haut. Des places respectives que A et B occupent dans le/s milieu/x, communauté/s qu’illes fréquentent vont aussi jouer et pouvoir biaiser le discernement et la prise en charge de la situation. En effet, selon leur popularité, leurs charisme et réseau, leur aisance sociale, leur maîtrise du discours politique féministe et sur les violences, ainsi que les liens affectifs qu’illes entretiennent, illes ne seront pas cru·e·s ni soutenu·e·s ou accompagné·e·s de la même façon. Cette place peut être liée parfois aux oppressions structurelles subies, notamment le fait de ne pas appartenir au groupe majoritaire, d’être assigné·e comme Autre, de ne pas maîtriser tous les codes dominants du milieu. »