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Pourquoi punit-on ?

L’influence du système carcéral sur nos communautés est majeure et examiner en détails pourquoi la prison échoue dans ses fonctions permet de questionner nos propres mécanismes queer.

Mar 11, 2022
Pourquoi punit-on ?

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Dans Une pour toutes : femmes contre la prison, Gwenola Ricordeau divise trois fonctions aux peines de prison :

La dissuasion  

« Les peines dissuadent les individus de commettre des infractions ou d’en commettre de nouvelles ». Ethiquement, cette fonction est discutable car comment justifier une peine pour prévenir la commission d’autres infractions pas encore réalisées ?

La rétribution  

« Les infractions ‘’méritent’’ d’être punies ». Proche du désir de vengeance, cet aspect est lié au fait que les actes entraînent des « conséquences », et que leurs auteur·ice·s doivent les « expier ». Cela pose plusieurs questions : est-ce que seules les personnes qui ont commis des infractions sont responsables de leur acte ? Qu’en est-il du système social, familial, éducatif ? De plus, qui décide des actes qui entraînent une punition ? Qu’en est-il des crimes d’Etat, de la “criminalité en col blanc”* ?

La réhabilitation  

« Les peines permettent aux personnes condamnées de s’amender. » aka de « devenir une meilleure personne » pour pouvoir se réinsérer dans la société. L’un des problèmes principaux : la punition n’est clairement pas la meilleure pédagogie. Sans parler du fait que dans ce cas, c’est la personne elle-même qui est jugée et non ses actes.

Gwenola Ricordeau ajoute ces deux fonctions :

L’élimination

Dans le cas de la peine de mort ou de la réclusion perpétuelle, cela a pour fonction de protéger la société. 

La réparation

La peine a pour fonction de réparer le préjudice subi par la victime. « Pourtant, les souffrances ne se compensent pas, à moins de considérer comme réparateur pour les victimes l’assouvissement d’un “besoin” de vengeance. »

Ces cinq fonctions se retrouvent dans les outils utilisés par les communautés queer dans le cadre de la gestion de conflit et d’agression. 

Les recours à l’exclusion, le call-out, le harcèlement sont expliqués par ces fonctions. Si  ces recours sont souvent le résultat d’un manque d’outils pour faire face à ces situations, se poser la question du “pourquoi” permet d’enclencher la recherche de solutions alternatives. 

*« Criminalité en col blanc » : catégorie de criminalité financière, « un crime commis par une personne respectable et de haut rang social dans le cadre de sa fonction »

Références
- G. Ricordeau, Une pour toutes : femmes contre la prison, 2019, ed. Lux Editeur
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