Se responsabiliser

Chez Fracas, nous sommes souvent supris·es de voir que des personnes qui souhaitent porter une réflexion sur les thématiques de justice intracommunautaire ou qui ont elles-mêmes été la cible de violences intracommunautaires reproduisent les mêmes mécanismes qu’iels ont dénoncés par ailleurs. Cela vient probablement d’une difficulté à penser les violences intracommunautaires dans leur globalité et à voir notre propre responsabilité dans leur perpétuation. 

Dans le cadre des violences intracommunautaires queer, prendre ses responsabilités vis-à-vis de son comportement individuel est primordial car chacun·e de nos prises de positions, de nos paroles, de nos gestes ont un impact. Surtout dans des espaces où beaucoup d’entre nous se connaissent.

‍

Dire « cette personne est toxique » à qui veut l’entendre, prévenir des personnes qui ne sont pas en danger, c’est répandre une rumeur.

‍

Refuser de parler à une personne parce qu’on a entendu dire qu’elle avait dit ou fait tel truc, sans être sûr·e et sans lui en avoir parlé, c’est l’ostraciser, lui enlever la possibilité de faire valoir sa parole.

Demander à des ami·e·s de se positionner concernant une situation de conflit qui ne les touchent pas directement, sans qu’iels aient toutes les informations, c’est prendre le risque que ça se répande auprès d’autres cercles et c’est entretenir des divisions désastreuses.

Exclure une personne de notre asso, événement, lieu, c’est le résultat d’un jugement, une sanction. Il faut pouvoir le faire en connaissance de cause et comprendre les conséquences néfastes que peut avoir l’exclusion d’une personne queer de ses rares lieux de sociabilité.

Visibiliser des violences intraqueer et se responsabiliser en tant que proche ou témoin est difficile. Il n’y a souvent pas de position ou de réaction idéale contrairement à ce qu’on se fait croire (cf post « la pureté militante ») mais le plus important est de ne pas reproduire des comportements sans se poser de question. Pour aller plus loin, lire le texte de Jo Freeman, Trashing : the dark side of sisterhood. Ce texte, publié en 1976, retrace la multitude des aspects du harcèlement qu'elle a subi durant des années au sein de la communauté féministe. Il est alarmant de voir à quel point la situation n'a peu ou pas évolué depuis plus de trente ans.

‍

Références

- Jo Freeman, Trashing : the dark side of sisterhood, 1976, à retrouver sur jofreeman.com