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« Elle profitait de sa position pour garder un contrôle sur les personnes qui lui plaisaient »

Ce témoignage porte sur l'impact des capitaux sociaux et financiers dans une relation sexo-affective entre queer.

Feb 15, 2023
« Elle profitait de sa position pour garder un contrôle sur les personnes qui lui plaisaient »

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« J’étais dans une relation un peu malsaine avec une fille. Ça faisait deux ans que ça durait, en in & off selon les périodes. On ne sortait pas ensemble, on ne couchait plus ensemble depuis longtemps mais elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir garder une sorte de mainmise sur moi - et jusqu’à un certain stade, j’étais consentante. Elle profitait d’être une personne avec un certain pouvoir dans son milieu professionnel pour me faire miroiter une offre d’emploi, dont j’avais besoin. En plus, on était dans un même collectif militant, ce qui ajoutait une pression supplémentaire. Je restais là un peu par nécessité et aussi parce que je l’aimais profondément car c’était une belle personne.

Mais au fil de ses crises de jalousie, où elle me reprochait de ne pas vouloir de relations sexuelles avec elle, des soirées alcoolisées où elle finissait toujours par insister pour qu’on s’embrasse… J’ai senti qu’il fallait vraiment mettre fin à tout ça. Je lui ai dit que son comportement ne m’allait pas, qu’à mes yeux, il s’apparentait à du harcèlement sexuel. Ça a été très dur pour moi de le formuler, surtout que je ne saisissais pas exactement ma responsabilité dans tout ça. Elle n’a pas bien réagi, il n’y a absolument pas eu de remise en question de sa part et on s’est quittées là.


C’était une personne qui n’avait profondément pas confiance en soi.

Elle profitait de sa position de pouvoir, sociale, financière, pour garder des relations de dépendance et de contrôle avec des personnes qui lui plaisaient. Et je n’étais pas la seule à le voir et à le savoir.

Depuis, j’en parle autour de moi, à mes potes gouines. Beaucoup d’entre elles ont pu se reconnaître dans ce que je disais, qu’elles aussi avaient vécu des relations d’emprise similaires. Pourtant, la parole est hyper verrouillée et on n’en parle pas dans nos communautés. Tout le monde connait un·e queer qui « abuse » en soirée, qui profite de sa position sociale pour niquer, qui « traite mal » ses relations… Et pourtant ça reste très dur d’adresser ces critiques. Quand on parle de violences conjugales, domestiques ou sexistes, on ne parle quasi jamais des violences intra-queer.

C’est toujours plus simple de la balancer sur les réseaux sociaux parce qu’on espère que les autres prendront le relais ou de mettre plein phare sur les violences entre hétéro. Mais les comportements violents sont autour de nous : cette meuf que tu connais vaguement de vue, ta pote, ta camarade militante. Il faut apprendre à adresser des critiques pour qu’elles se responsabilisent, à confronter ces personnes - et nous-mêmes, sur nos propres comportements : nous avons tous·tes « fait de la merde », questionnons-nous là dessus.»

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