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Pécho queer : un enjeu politique ?

A quoi bon produire une réflexion sur la drague queer ? Et quel rapport avec les conflits intracommunautaires ? PS : Nous rappelons que notre collectif est queer. Ce post parle de relations sexo-affectives souhaitées entre queer.

Mar 11, 2022
Pécho queer : un enjeu politique ?

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Selon notre expérience, beaucoup des embrouilles intracommunautaires sont dûes à la manière dont nous relationnons. Soit parce que c’est le point de départ d’une scission au sein d’un groupe d’ami·es ou associatif ; soit parce qu'au -delà d'un certain point, tout s’entremêle. On choisit le côté de son·sa partenaire, on s’oppose à son ex·e ou au crush de son ex·e… Pour peu qu’une personne ait trois partenaires dans la même ville, par effet de capillarité, tout le monde finit par être concerné·e plus ou moins indirectement. Il n’y a pas encore à notre connaissance de bon livre analysant les manières dont les queer relationnent et l’impact de ces relations dans les luttes politiques mais ce serait certainement un sujet sur lequel il y aurait beaucoup à dire.

Il est intéressant de voir la réticence de certain·es à parler des rapports de pouvoir au sein des relations sexuelles et amoureuses interpersonnelles.

Pourtant, ce n’est pas pour rien qu’on parle du  « marché de l’amour », du  « marché de la drague » ou du  « marché du dating » : ce sont des marchés et à ce titre, ils sont régis par les dynamiques capitalistes.

Se poser la question de l’accès à ces marchés est primordiale : qui n’y a pas accès ? Qui y a accès, selon quelles modalités ? Quelles normes régissent ces marchés ?

Et parler des inégalités dans le marché de la drague entraîne une réflexion sur les inégalités au sein des couples queer. Les queer ont statistiquement plus de chance d’être précaires : que ce soit dans le domaine de la santé, du logement ou encore des relations sociales. Dans un couple, cela signifie par exemple que la personne qui a le moins de ressources relationnelles et affectives (le moins d’ami·es, de partenaires, de liens avec sa famille) est plus dépendante de sa relation. Elle se retrouve donc plus facilement en charge de la communication, l’attention, l’écoute (du care) pour que cette relation fonctionne. Et dans nos communautés, les personnes qui ont le moins accès à ces ressources sont les personnes trans, racisées, handi etc. La distribution des rôles de care, tout comme celle de la responsabilité affective ou encore la maîtrise des codes sociaux sont empreintes des rapports de domination capitalistes.

Il y a bien entendu des inégalités au sein de nos relations, même s’il n’y a pas de mec cishet qui ne fait pas la vaisselle. Se poser la question des inégalités au sein des relations amoureuses et sexuelles queer et sur la distribution du mojo dans nos espaces est primordial et politique.

Références ci-dessous pour creuser la question.


Références
- X, Tu sais bébé, mon coeur n’est pas sur liste d’attente., 2011, à trouver sur melocene.me
- Raymond reviens, t’as oublié les chiens, Leçon de grammaire, 2016, à retrouver sur raymondreviens.wordpress.com
- Faracha, Quand un pédé cis te dis "Je ne suis pas transphobe", 2020, à retrouver sur farracha.blogspot.com
- Faracha, Du racisme dans nos interactions ?, 2020, à retrouver sur farracha.blogspot.com
- Eva Illouz, La Fin de l'amour. Enquête sur un désarroi contemporain, 2020, ed. du Seuil
- Judith Duportail, Dating Fatigue. Amours et solitudes dans les années 2020, 2021 Ed. de l'Observatoire


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