Pureté militante

Elle peut apparaître comme étant synonyme de “radicalité” et vise à montrer la hauteur de notre engagement militant. Sa recherche traduit une exigence extrême et une auto-réflexivité constante sur la manière dont on parle, se comporte, sur ce qu’on performe socialement. 

Elle ressort souvent dans un ensemble de comportements socialement performatifs visant à montrer qu’on maîtrise les codes sociaux de notre communauté et qu’on en est un·e membre bien intégré·e.

La pureté militante se fixe en grande partie sur le bon usage du langage, notamment sur les réseaux sociaux. Être dans la critique constante et dans l’extrême vigilance vis-à-vis de qui utilise tel mot permet de se rassurer dans son engagement tout en prouvant aux autres qu’on est du “bon côté”, ou “un·e bonne militant·e”. 

Le résultat : des empilements de commentaires incendiaires sur les réseaux sociaux parce que X a eu le malheur d’utiliser le terme “content warning” au lieu de “trigger warning” (ou vice versa). Cette performativité militante s’autoalimente particulièrement dans nos propres espaces queer/féministes car il est plus facile d’exprimer et de reporter notre colère sur les personnes qui nous comprennent, qui utilisent le même langage et partagent les mêmes idées. 

Alors que le langage nous permet de nous reconnaître entre nous et de faire communauté, il est souvent utilisé pour condamner et parfois exclure les non-initié·e·s. Le langage est un capital. Sa connaissance dépend des capitaux économiques, relationnels, éducationnels de chaque personne. Par exemple, la maîtrise des anglicismes pour les francophones nécessite d’avoir eu une éducation en anglais. Cette sur valorisation du langage dans certains milieux militants reflète la hiérarchisation des groupes sociaux, en termes d'âge, de classe sociale et de race.